Cette chapelle sculptée en l’honneur d’un régiment se trouve légèrement éclairée par la lumière du jour. Non-loin des lignes de combat, c’est là que des soldats venaient se recueillir. Régulièrement, un prêtre se rendait sur place et des messes étaient organisées pour les soldats.
Les offrandes à la croix démontrent la place importante de la religion ou de la spiritualité dans l’activité militaire. Dans une ancienne carrière souterraine de calcaire, l’armée française s’est réfugiée et a constituée un abri, une caserne, lors de la première guerre mondiale. Si cette carrière fut choisie, ce fut par pur hasard car elle se situait justement sous les lignes françaises. Là, pour célébrer les messes, ou simplement prier avant ou après les combats, rendre les hommages aux camarades morts pour la patrie, les soldats se réunissaient devant ces autels sculptés. Art pariétal non-négligeable et faisant partie de la guerre de 14-18, des cérémonies sont toujours organisées régulièrement dans ces carrières par des associations, d’autant plus dans la période de centenaire de ces combats. Au fond, on aperçoit un lit, sommairement construit en bois et en grillage. Ce sont ces lits qui servaient quotidiennement de couche aux poilus.
Ce coq, naturellement emblème de la France, fut dessiné et sculpté en bas relief durant la première guerre mondiale, et précisément à sa fin, en Juin 1918. À l’effigie du 324e Régiment d’Infanterie, son exécution tardive s’explique par le fait que la carrière souterraine de calcaire dans laquelle se situe l’abri en retrait des lignes a longtemps appartenu à l’armée allemande. Un an auparavant, c’est une retraite de cette armée qui permis aux poilus français de s’emparer de nouveau de ces carrières. Hélas, le coq peint en rouge et noir résiste mal à l’usure du temps et des vandales, monnaie courante dans les carrières de la grande guerre, des simples amateurs de sensations aux pilleurs méticuleux. C’est dans les années 1990 que des bénévoles le restaurèrent pour lui rendre un certain éclat.
IHS est une inscription religieuse signifiant « Iesus Hominum Salvator », « Jésus Sauveur des Hommes ». Elle est apposée ici sur ce qui constituait un autel sculpté dans la paroi d’une ancienne carrière. La carrière souterraine de calcaire fut ici aménagée, comme beaucoup, en abri-caserne pour les besoins de l’armée prussienne durant le conflit de 14-18. Sous les lignes allemandes, donc, on pense aisément que les officiers (car d’autres indices montrent qu’il s’agit de casernements de gradés), venaient prier ici avant ou après les combats. Plusieurs chapelles furent aménagées dans les carrières, ou « creutes », lors de la première guerre mondiale. On en dénombre très peu de si bien conservés, du fait du temps, ou des vandales qui malheureusement s’intéressent à ces lieux pour piller ces sculptures centenaires. De plus, dans un esprit revanchard, des français se rendirent dans des abris allemands uniquement dans le but de détériorer ce qui fut construit par l’ennemi durant ces années sombres. C’est donc ici un témoignage exceptionnel qui s’est offert, mais fut attaqué à une époque puisque cet autel a été restauré « numériquement », sur la photographie. Aujourd’hui, malgré le passé houleux entre France et Allemagne, il n’est pas difficile de concevoir le devoir de mémoire qui s’impose devant ce genre de lieu, ne serait-ce que par respect pour les hommes l’ayant édifié, certainement morts au combat.
Echappatoires indiquées à même la paroi calcaire d’une ancienne carrière, ou creute, utilisée pendant la première guerre mondiale comme refuge pour les poilus. Une des deux indications montre le chemin vers la sortie. L’autre inscription indique la direction des feuillées. Les feuillées désignent simplement les toilettes, qui autrefois étaient munies de vieux journaux. Cette creute fut successivement occupée par l’armée allemande à partir de 1914, puis fut reprise par les français après 1917. Elle servit après-guerre pour la reconstruction, puis fut réutilisée en champignonnière jusqu’à nos jours. Une des inscriptions au premier plan a par ailleurs été remplacée par un tableau de cultures des champignonnières. De grande taille, ce fut un poste d’importance durant le premier conflit mondial.
Blocs et signatures stagnant dans une ancienne carrière de calcaire. Cependant, toutes ces signatures ne sont pas « d’époque ». Certaines, toutefois, datent de l’exploitation et indiquent les numéros des blocs selon leurs lots (et non la date, car cette carrière fut exploitée vers la fin du XIXe siècle). Les blocs comportent aussi la mention « T et Cie », nom de l’entreprise qui exploitait la petite carrière. Ces blocs avaient certainement un défaut pour avoir été laissés dans les chantiers d’exploitation. Elle fut utilisée par l’armée française durant la première guerre mondiale, au vu de sa position très approchée des lignes de front en certaines dates.
Escalier de cavage d’accès à une carrière souterraine de calcaire.
Un escalier de cavage, aménagé. Cette carrière souterraine de calcaire fut réutilisée par les poilus français, soldats de la première guerre mondiale. Les carrières de cette région servirent d’abri pour les armées, que ce soit pour y installer des casernements, des dortoirs, ou des hôpitaux. À gauche, une inscription indique le nom des officiers et du régiment qui l’occupait. Ce genre d’endroit est fréquemment recouvert de dessins ou bas-reliefs en tous genre, d’autant plus lorsqu’il s’agit de casernements de cette ampleur. Les aménagements ont été réalisés par une association, qui gère les visites de la carrière.
Cocon et bidon dans une carrière souterraine de craie, sous des arches de renfort en béton. Cette ancienne carrière souterraine fut exploitée pour sa craie pour fabriquer, entre autres, des peintures, des cosmétiques et des enduits. Ces carrières de craie sont organisées en galeries voûtées, d’une hauteur variant entre 5 et 20 mètres. Ici, ces voûtes de craie ont été renforcées par une belle couche de béton, offrant une sorte de cocon protecteur. Effectivement, les lieux servirent d’abri aux civils durant la seconde guerre mondiale. Un bidon posé là atteste la présence ancienne de champignonnières, cultures de champignons de Paris, ici faites sous forme de meules dont on peut aussi apercevoir les traces…
Fresque représentant tel un bagne, les prisonniers de guerre.
Un bagne fut certainement établi dans cette carrière souterraine de calcaire. En effet, cette fresque représente des carriers, en habits de prisonniers. Au bout à droite, un doigt représente l’autorité, une force obligeant les carriers à travailler. Daté, le dessin effectué à la fumée d’acétylène nous apprend qu’il s’agit d’une période de la seconde guerre mondiale. L’occupant allemand a certainement réquisitionné la carrière, pour la réalisation d’ouvrages à usage militaire dans la région. Cette fresque est isolée dans un effondrement généralisé de la carrière. Est-elle contemporaine à cet effondrement? Les allemands exerçaient-ils toujours leur autorité sur les ouvriers alors? Ce sont des détails qui ne nous sont pas parvenus. Ce qui est sûr, c’est que cette fresque est une pièce unique du patrimoine des carrières souterraines de pierre à bâtir.
Blason de la Prusse en bas-relief dans une carrière.
Caché dans une très ancienne chambre d’exploitation, on pourrait s’y méprendre mais ce blason sculpté dans un pilier tourné est bien un drapeau prussien. De noir, blanc et rouge, il orne une cavité souterraine d’extraction du calcaire ayant été reconvertie en abri souterrain pour les soldats lors de la première guerre mondiale. Comme nombre de ses carrières voisines, celle-ci fut réquisitionnée, par les allemands car située de ce côté de la ligne de front, pour être transformée en abri, casernement et poste de commandement. Bien plus tard, cette carrière souterraine de calcaire fut reconvertie en champignonnière, chambres de culture des champignons comestibles.