Le bois et l’eau ne font, habituellement, pas bon ménage!
Le bois et l’eau ne font pas bon ménage, habituellement… Ici, cette trémie est miraculeusement conservée, à l’inverse des autres constructions de ce type dans la même carrière. En effet, avec le temps, le bois pourrit dans ce milieu humide, et tombe en miettes. Ici, par la glaise ou la calcite qu’elle peut déposer, l’eau a fossilisé le déversoir de l’ancienne trémie. Les dispositifs de guidage des blocs et d’ouverture de l’orifice sont également visibles. Les deux poutres en bois servent, elles, à appuyer sur le mur maçonné pour éviter qu’il ne s’effondre, poussé par les blocs en attente de chargement.
Détachés, ces blocs sont prêts à quitter l’atelier.
Une fois détachés de la roche mère qui les contient depuis des millénaires, les blocs de calcaire sont taillés par les carriers, montrant leur savoir-faire. Leurs dimensions sont établies sur mesure selon un carnet de commande bien précis, imposé par les demandes pouvant aller d’un propriétaire à la construction de prestigieux monuments.
Les carriers utilisaient leurs outils, pour définir au fur et à mesure les contours des futurs blocs, par une alternance de souchevage et défermage. À l’aide de coins, insérés dans des trous préalablement pratiqués, ils détachent le bloc avant de le treuiller. Ici, les blocs prêts à l’emploi ne furent jamais sortis de l’atelier. Les carriers laissaient d’imposantes masses de pierre afin de maintenir le ciel, que l’on appelle des piliers tournés.
La galerie de récupération sert, dans les carrières de montagne ou dans toute exploitation à gisement penté, à reprendre les matériaux ayant été jetés des galeries d’exploitation. Ces dernières étant plus hautes, les carriers se servent de la gravité pour faire chuter les blocs dans des puits. Au fond de ces puits se trouve donc le roulage, visible ici, où les blocs étaient déversés dans les wagonnet grâce à des trémies. Cette carrière souterraine permettait d’exploiter le ciment prompt. Il s’agit d’un calcaire argileux vieux de 150 millions d’années, contenant naturellement la proportion idéale de calcaire et d’argile pour la préparation du ciment, l’or gris.
Un mur ogive permet ici de consolider aisément une galerie de carrière souterraine de calcaire. En effet, les arc brisés permettent, à l’instar des cathédrales gothiques, de minimiser le nombre de moellons, et par la même l’épaisseur des murs. Il est étonnant que ce genre de consolidation n’ait été que rarement employé dans les carrières. Par ailleurs, le mur est construit en pierres sèches. Chaque moellon est posé par dessus les autres, le savant équilibre est rendu par le savoir-faire des maîtres-carriers. Dans ces anciennes carrières de calcaire, les ouvriers mettaient tout en oeuvre pour éviter les désordres, mêlant parfois nécessité et esthétique!
Comme dans un mille-feuille dans cette ancienne carrière.
C’est un mille-feuille de pierres qui est exhibé par cette galerie. Les strates de gypse ressortent, tout comme les nombreuses plaques qui se sont décollées du ciel, et tombées sur les hagues. Ces hagues sont des accumulations de stériles faites dans les galeries: non rentables, ces stériles ont été laissés sur place du fait de l’accès complexe à ces souterrains autrefois attenants à une plâtrière. Cette galerie servait de roulage, la voie ferrée de 40cm d’écartement et le petit wagonnet en sont les témoins. Au ciel, le mille-feuille présente des ripplemarks, traces de rivières et de lagons préhistoriques peu profonds dans lesquels s’est progressivement formé le gypse saccharoïde, pierre à plâtre.
La découpe des blocs s’effectue dans un atelier de taille. On remarque ici que les blocs prêts à sortir occupent quasiment toute la hauteur de la galerie. Du fait de ces galeries basses, les blocs quittant l’exploitation devaient avoir un gabarit limité, d’où leur forme très rectangulaire et peu épaisse. Ils étaient sous cette forme transportés sur des rondins de bois puis sur des wagonnets-plateau, ou alors réduits en moellons pour être transportés dans des chariots ou des bennes. Plus récemment, ces blocs furent recouverts de chaux, enduit dont les champignonnistes se servaient pour rendre les lieux plus secs et l’air plus sain.
Blocs et signatures stagnant dans une ancienne carrière de calcaire. Cependant, toutes ces signatures ne sont pas « d’époque ». Certaines, toutefois, datent de l’exploitation et indiquent les numéros des blocs selon leurs lots (et non la date, car cette carrière fut exploitée vers la fin du XIXe siècle). Les blocs comportent aussi la mention « T et Cie », nom de l’entreprise qui exploitait la petite carrière. Ces blocs avaient certainement un défaut pour avoir été laissés dans les chantiers d’exploitation. Elle fut utilisée par l’armée française durant la première guerre mondiale, au vu de sa position très approchée des lignes de front en certaines dates.
Double trémie déversoir dans une ancienne carrière d’exploitation du calcaire à destination de la production de ciment. Il s’agit là de la couche géologique de l’oxfordien. Cette carrière très active il y a une centaine d’années était équipée de trémies afin de déverser directement leur contenu dans un véhicule. La particularité de cette mine est de posséder plusieurs trémies doubles, comme celle-ci, permettant d’accroître le rendement. Le dispositif bien que rudimentaire est joliment ouvragé. Plus loin, on perçoit l’instabilité du secteur: des cônes de gravats se sont formés du fait d’effondrements dans les niveaux situés au dessus de cette galerie de roulage.
Une vue de l’atelier de taille de blocs dans une carrière de calcaire. À cet endroit sont extraits depuis le front de taille les blocs de pierre. Ils sont alors taillés sur place, pour obtenir des blocs moins gros, d’une forme précise, ou tout simplement des moellons comme ici. Dans cette carrière ayant fonctionné durant la seconde moitié du XXe siècle, les blocs furent extraits à la haveuse, donnant des galeries aux tracés lisses. Cela n’empêche de pouvoir apercevoir d’esthétiques étais en bois coincés aux coins de la galerie. Ces petites consolidations témoignent d’un travail soigné.
Un semblant de mémorial, constitué par des moellons calcaires. L’impression est donnée par ces cubes de pierre dressés, et des sources lumineuses qui y sont intercalées. Cette ancienne carrière de calcaire ne connut qu’une brève période d’exploitation, durant les années 60 ou 70. Probablement utilisée pour une production locale, des moellons de réserve, ou non-utilisés car mis au rebut, y sont entreposés, formant ce genre d’étrange structure. Ces moellons, liés entre eux par un ciment, peuvent alors servir à la construction de bâtiments en pierre de taille. L’intégralité des parois est taillée à la haveuse. Malgré ses galeries taillées très droites, cette carrière présente de beaux volumes modérés.