Petit ensemble ferroviaire aperçu au détour d’une galerie. Il s’agit d’un wagonnet-plateau Decauville et d’un dérailleur tournant en voie de 60cm. Ces wagons plats étaient spécifique au transport de la pierre de taille sous forme de blocs. La roche exploitée était du calcaire. L’exploitation, ici ancienne, était effectuée en piliers tournés. Plus tard, les éléments ferroviaires ont été démantelés pour permettre une autre utilisation des vides, celle des cultures de champignons, ou champignonnières. Entre les piliers ont pu être édifiées des cloisons maçonnées. Celles-ci maintiennent en place des déblais d’exploitations. Elles étaient généralement aménagées en fin de chantier à l’écart des roulages.
Entre deux murs imposants en maçonnerie se trouvait autrefois une importante galerie de roulage. Comme on peut le voir par la taille du personnage au milieu, cette galerie est de gabarit très important. En effet, remaniée en partie lors de la seconde guerre mondiale, cette carrière fit partie d’un projet destiné à assembler des missiles sous terre, à l’abri des regards. Pour permettre aux engins d’effectuer leurs manœuvres, il était nécessaire de « rogner » des piliers au niveau des angles, tout en conservant un maintien efficace du ciel, si précieux en carrière souterraine! Cela est d’autant plus vrai que la carrière devait résister aux bombardements extérieurs. Ainsi on été édifiés ces solides renforts maçonnés où bétonnés, à des emplacements initialement sans piliers, pour consolider les carrefours de cette carrière exploitée de façon très orthogonale.
Grandes arches bétonnées dans une carrière de calcaire.
Grandes arches bétonnées, dans une ancienne carrière de calcaire. Ces grandes arches consolident la voûte. La galerie était en effet vouée à laisser circuler de gros véhicules: elle fut renforcée sous l’occupation allemande dans le cadre de l’aménagement d’une usine souterraine destinée à produire des missiles V2. De fait dissimulée sous terre, la carrière n’aurait pas laissé entrevoir les traces de cette activité qui, fort heureusement, ne pu voir le jour. Les parties achevées, aux dimensions impressionnantes, permettent tout de même de comprendre l’ampleur de ces travaux. À la clé de voûte, des emplacements étaient visiblement prévus, certainement pour l’installation de dispositifs d’éclairage. Après guerre, ces galeries continuèrent à être parcourues pour l’extraction de pierre de taille, et par les champignonnistes, jusque tardivement au XXe siècle.
Un point d’eau s’est formé ici. Dans cette ancienne carrière souterraine de calcaire lutétien, plusieurs sources, ou karsts, se sont formés au fil du temps et on été bien plus tard recoupés par l’exploitation durant le XIXe siècle. Afin d’éviter de se trouver ennoyés, les carriers détournèrent les cours d’eau, qui s’accumulant finit par former des petits lacs. Souvent localisée près des fronts de taille de cette grande carrière, l’eau fut utilisée par les champignonnistes pour arroser leurs semences. Des bassins comme celui situé en hauteur furent aménagés. Depuis lors, l’eau creuse le calcaire, construit des concrétions, et colorie les fronts de taille de sa belle couleur bleutée. Par ailleurs, on remarque la beauté des techniques utilisées dans les exploitations: piliers à bras, front de taille taillé à la lance, et un étai métallique qui soutient une masse qui aurait dû être exploitée. Juxtaposant chaque ligne verticale délimitant les séquences d’avancement de la taille, les trous pratiqués pour fixer le système de la lance sont également visibles.
Les petits crapauds, treuils mobiles pour extraire les blocs.
Les crapauds, dont quelques exemples sont visibles ici, sont des petits treuils qui, amarrés à la roche par le biais d’une chaîne, permettaient de tracter de lourdes charges. Ces crapauds sont souvent équipés de pignons à deux vitesses: l’une pour déployer le câble, ou la chaîne, l’autre pour démultiplier la force de traction, ils étaient utilisés pour déplacer des blocs de pierre de quelques tonnes. Du front de taille chargement sur les wagonnets, ces blocs, souvent posés sur des rondins de bois, étaient alors mus moins difficilement. On retrouve par conséquent ce genre d’outil dans les carrières de calcaire, où souvent étaient sortis de gros blocs, contrairement aux carrières de craie ou de gypse où les petits blocs étaient chargés dans des wagons à benne basculante. Les crapauds ont été mis au rebut dans les années 1950, conservés à titre de mémoire par les carriers ou les champignonnistes qui leur ont succédé.
Garnier 1925, inscription sur des arches maçonnées.
Garnier 1925 est une inscription figurant ici sur une arche de consolidation maçonnée en moellons dont la voûte est en briques. Dans cette carrière de calcaire souterraine taillée en galeries rectilignes, certains quartiers sont fragiles: la roche peu profonde est plus attaquée par l’eau que dans des endroits plus lointains dans la carrière. Ces quartiers ont donc bénéficié de plusieurs belles arches telles que celles-ci. L’assemblage de ces différentes arches a visiblement effectué par un architecte ou un ingénieur nommé Garnier, en 1925. La pierre de cette carrière servit à construire de nombreux édifices parisiens de l’époque du baron Haussmann. Les blocs de pierre de taille furent employés, entre autres, dans la construction de l’Opéra de Paris, le palais Garnier…
Dos de l’arche en briques et moellons datée de 1911. En réalité, cette voûte est bien une arche, qui fut reconstruite après un important effondrement qui a eu lieu dans cette ancienne carrière souterraine de calcaire exploitée par piliers tournés. Bien qu’exploitant un calcaire d’une grande qualité, certains quartiers de cette carrière restent très fragiles du fait du taux de défruitement élevé. Ainsi, des consolidations furent nécessaires. L’arche de l’aube du XXe siècle fut reconstruite de façon plus robuste par une véritable voûte de briques soutenant un ensemble en moellons réguliers liés par un ciment. On peut par ailleurs voir les traces de cette reconstruction de l’autre côté de la structure, où un début de fontis par simple décollement du ciel barre le chemin à tous véhicules, comme le montre l’image ci-dessous:
Voie dans l’eau bleutée d’un bassin de champignonnière.
Une voie dans l’eau d’une carrière de pierre calcaire. Cette eau s’écoule depuis une source karstique, et était récoltée sous pression par un bassin qui la redistribuait à la champignonnière. Depuis, cette source n’est plus canalisée et s’écoule librement. Des concrétions se sont déposés sur le coupon de voie Decauville de 60cm d’écartement, et de 5 mètres de haut. L’eau s’accumule au sol puis ruisselle où plusieurs écoulements d’eau se rejoignent un peu plus loin. La galerie plonge vers le fond à travers les piliers tournés carrés. La présence d’eaux souterraines fut un critère décisif lorsque cette carrière de calcaire fut convertie en champignonnière. La taille de l’exploitation est telle que certains quartiers servaient déjà aux cultures alors que le fond était encore exploité.
De gros blocs laissés en place dans une carrière souterraine de calcaire qui datent certainement de la toute fin de l’exploitation. Ils sont en effet dans la partie la plus récente de la carrière, taillée de façon mécanique, à la haveuse. On peut voir les traces de coupe de cette haveuse de chaque côté. Les blocs étaient transportés et stockés en piles grâce à des chargeurs miniers, sortes de gros bulldozers à hauteur adaptée pour circuler dans des galeries basses. Ces pierres entreposées ont été laissées sur place lors de la fermeture de la carrière, ou bien parce que certains critères ne convenaient pas (dimensions, forme, solidité,…).
Deux wagonnets plateau en attente de chargement. Ces deux wagonnets, de constructeur Alphonse Pétolat-Dijon, sont ici sur une voie de 60cm d’écartement. La voie est incrustée dans une dalle de béton construite lors de la seconde guerre mondiale pour l’aménagement d’une base souterraine de construction de missiles V2 par les nazis. Cette grande carrière de calcaire est un exemple de divers reconversions qui ont pu avoir lieu dans ce genre d’espaces souterrains.