Les tailles, marques de pic, ou les inscriptions, sont autant de traces humaines dans les souterrains anthropiques. Dans cette ancienne carrière de gypse, les anciens ont pu apposer des inscriptions et dessins, le plus souvent à la lame de plomb, se rapportant à des personnages célèbres de leur époque, ou des anecdotes concernant leurs collègues ou leur entourage. Ici, parmi elles, se dresse ce qui pourrait être le chat à fourrure d’hermine, Raminagrobis. Cette galerie, taillée intégralement au pic, témoigne du soin porté, durant une époque dans cette région, par les carriers.
Lorsqu’une carrière est abandonnée, tout se met de travers, surtout lorsque les contraintes sont élevées sur les consolidations humaines. Ce pilier de parpaings édifié au XXe siècle n’a pas tenu sous la pression du ciel, qui a simplement travaillé. En effet, simplement quelques petits blocs sont tombés au sol, et le pilier soutenant l’autre extrémité de la poutre est, quant à lui, totalement à terre. Les plate-bandes réalisées par les champignonnistes, se retrouvent ensevelies. Au fond, le pilier de pierres empilées et enduites de plâtre maintient, tant bien que mal, un ciel fracturé.
Détachés, ces blocs sont prêts à quitter l’atelier.
Une fois détachés de la roche mère qui les contient depuis des millénaires, les blocs de calcaire sont taillés par les carriers, montrant leur savoir-faire. Leurs dimensions sont établies sur mesure selon un carnet de commande bien précis, imposé par les demandes pouvant aller d’un propriétaire à la construction de prestigieux monuments.
Les carriers utilisaient leurs outils, pour définir au fur et à mesure les contours des futurs blocs, par une alternance de souchevage et défermage. À l’aide de coins, insérés dans des trous préalablement pratiqués, ils détachent le bloc avant de le treuiller. Ici, les blocs prêts à l’emploi ne furent jamais sortis de l’atelier. Les carriers laissaient d’imposantes masses de pierre afin de maintenir le ciel, que l’on appelle des piliers tournés.
Ces trois piliers sont des piliers à bras. Cela signifie que les carriers empilaient les blocs de gypse avec les bras afin de caler le plafond, appelé le ciel. Ici, en seconde masse de gypse, la puissance est faible, ainsi, les galeries ne sont pas très volumineuse, bien que nous nous trouvions dans une galerie de plus de 3 mètres de hauteur… Entre deux de ces trois piliers est calée une poutre à laquelle pouvait peut-être être suspendue une poulie. À l’aplomb, on trouve un ancien puisard qui devait récolter l’eau de la carrière. Depuis le temps, le puisard s’est comblé de glaise. Cette ancienne carrière est en effet en phase terminale, vouée à disparaître: les effondrements y sont innombrables, et l’accès très périlleux.
Remisés bien sagement au fond d’une ancienne carrière souterraine de calcaire de petite importance, ces wagonnets attendent patiemment leur heure. Dans les galeries, l’humidité ronge et corrode fortement le métal. Parfois, le matériel ferroviaire des anciennes carrières n’était jamais réemployé. Ici, tout semble avoir été rangé au même endroit, sans que jamais l’installation soit de nouveau déployée. Il est ainsi rare de voir ce genre de scène sous terre. Cette carrière souterraine fut exploitée il y a longtemps sous forme de hagues et bourrages, une méthode délaissée depuis bien longtemps, puis convertie en champignonnière. Au vu de la faible hauteur des galeries, il ne serait pas étonnant que pour des raisons de pénibilité, l’abandon de ces galeries remonte à une époque plutôt lointaine.
Les basses voûtes peignées d’un niveau inférieur de carrière de craie.
Ces basses voûtes sont creusées dans la craie dès le début du XIXe siècle. L’ère industrielle, c’est le début de nouveaux matériaux, et surtout de nouvelles méthodes d’extraction avec de nouveaux sites d’exploitation. Ici, pour donner davantage un aspect esthétique qu’une stabilité aux lieux, la paroi était peignée. Dans les niveaux inférieurs, les ciels voûtés plus bas des galeries orthogonales donnent cette impression de régularité. Les puits de communication, et la présence de bancs de silex rompent cette régularité. Des ouvriers ou des visiteurs se sont postérieurement amusés à ajouter leur touche, par des inscriptions au noir de fumée.
Cette porte blanche est composée de deux piliers maçonnés.
Porte blanche ou arche carrée, dans une ancienne carrière de gypse. De nombreux piliers maçonnés ont été érigés dans cette ancienne carrière de hauteur modérée. Et pour cause: cette carrière souterraine de seconde masse fut exploitée sur toute la hauteur de roche présente: le ciel de carrière est déjà situé dans les marnes, roches argileuses de très mauvaise tenue. Ces piliers maçonnés sont en brique. Ils ont été recouverts de chaux lors de la conversion des lieux en champignonnière, comme bien souvent dans la région. Les sacs plastiques déposés au sol servaient à la culture des agarics dans un terreau mélangé à du fumier et du mycélium. Les deux piliers sont reliés entre eux par des matériaux recyclés de l’exploitation du gypse: des rails.
Ces piliers « jumeaux » sont très régulièrement disposés dans une ancienne carrière souterraine de calcaire. De vaste étendue, cette carrière fut en plus exploitée sur différents niveaux. Au fond, le banc séparatif fut lui aussi exploité pour former comme ici de grandes salles avec comme témoignage les traces de coupe des piliers tournés. Au ciel, d’énormes cérithes, fossiles de coquillages, de la taille d’un bras peuvent être aperçus. Ils vivaient dans la mer tropicale qui permit la formation de cet épais banc de calcaire qui fit la prospérité des exploitants. Non des carriers bien sûr, car, il faut le rappeler, ces ouvriers qui étaient à la fois paysans, travaillaient dans de déplorables conditions, et souvent dès l’âge de 8 ans, à l’instar des mineurs.
La tour que nous voyons ici dans une salle carrée donne à cette vue un aspect graphique. Si les galeries de cette carrière souterraine de calcaire furent exploitées à la haveuse, il en est de même pour la taille des moellons qui composent la tour. Cette tour, probablement érigée par les ouvriers au vu de sa régularité, fait office de pilier à bras. Son aspect ressemble aussi beaucoup aux nids d’abeille, empilement carré de poutres, que l’on trouve fréquemment en mines. La présence de cette tour serait justifiée par la portée importante du ciel de cette carrière. La présence d’un pneu atteste l’emploi de véhicules dans cette ancienne carrière.
Quatre bras soutiennent le ciel. Cette ancienne carrière de gypse exploite la seconde masse de roche. Ses galeries sont plutôt basses, et son caractère ancien, rudimentaire, la classe parmi les plâtrières où les consolidations par piliers à bras étaient utilisées. Plus rares dans le gypse que dans le calcaire, les piliers à bras sont censés être provisoires dans les carrières de gypse, soutenant des espaces en attente de remblaiement ou de masse en attente d’exploitation ou de purge. Comme on le sait, après abandon, le provisoire devient définitif. Ainsi, ces grands piliers (plus de 2 mètres) maintiennent à travers les siècles le ciel se fracturant tranquillement… Mais nous ne passons pas sans remarquer, sur ce même ciel, les ripplemarks, traces fossilisées du fond des mers lagunaires dans lesquelles le gypse s’est lentement formé.
Piliers rayonnants de lumière dans une carrière de gypse.
Les piliers sous pression de cette carrière sont en voie de destruction. Il s’agit en effet d’une carrière de gypse, et cet endroit en particulier est très ancien et peu stable. On remarque au fond les piliers à bras déjà détruits. Ce mode de consolidation reste rare dans les carrières de gypse, ou en tous cas temporaire, car le gypse est une roche qui n’a que très peu de tolérance vis à vis des contraintes qui peuvent lui être imposées. Cet ancien axe de roulage montre tout de même un bel alignement de ces piliers, dont la lumière s’infiltre et crée d’esthétiques rayons. Le ciel de l’exploitation exerce une pression si forte que certains piliers se rompent. Tout au fond, la galerie n’existe plus.
Ces bras de voûte sont une appellation personnelle de piliers à bras sur mesure, ayant été employés comme des arches. Ce genre de consolidation est extrêmement rare en carrière, les demi-arches étant déjà peu répandues, surtout sous un ciel plan comme ici. Certains de ces piliers inclinés maintiennent de gros blocs sur le point de tomber. Cela témoigne d’une grande technicité, ainsi que d’une exploitation artisanale. Il s’agit par ailleurs du seul intérêt de cette petite carrière de calcaire, le reste étant effondré, incendié ou utilisé comme dépotoir local.