Ombres projetées d’une trémie dans le fond d’une ancienne carrière de pierre à ciment du Berriasien.
Ce chantier au bout d’une galerie de récupération des blocs semble
attendre patiemment qu’une berline arrive pour son chargement. La pelle
est posée, pleine de déblais, la trémie s’est remplie d’eau, la
déversant sur la voie sous forme d’une douche. La lumière pourrait
trahir la présence d’un ouvrier.
Ces tunnels n’ont d’autre mission que de consolider la galerie tout en laissant un passage pour les convois chargés. Nous sommes dans le roulage d’une ancienne carrière de ciment prompt. Cette roche, le ciment naturel, est composée de calcaire et d’argile, faisant d’elle un matériau instable et très cassant. Pour éviter de déblayer en permanence les galeries de passage, les cimentiers ont donc construit d’imposantes confortations. Ici, une suite de plusieurs murs épouse parfaitement la forme de la galerie, un passage voûté permettait de laisser aisément passer les trains. Ces ouvrages sont entièrement bâtis en béton. On peut discerner les vestige de l’installation électrique du trolley.
Cette vieille remise se trouve dans les secteurs les plus anciens d’une ancienne carrière de pierre à ciments, de calcaires du berriasien. Il s’agit du secteur de l’entrée d’un des roulages. Consolidé en plusieurs endroits tantôt par des pierres maçonnées, tantôt par des voûtes bétonnées, l’endroit est constitué de roches instables, s’agissant du travers-banc. Postérieurement, l’axe de roulage s’est trouvé décalé plus loin, laissant à l’abandon relativement tôt cette partie de l’ancienne carrière. Ce décalage de la galerie principale a été décidé pour suivre le pendage de la roche, mais aussi pour éviter des secteurs d’exploitation s’étant, depuis lors, effondrés.
La trémie-déversoir est un élément clé des carrières de pierre à ciment alpine. Elle se rencontre en fait dans toutes les exploitations souterraines possédant un certain pendage, inclinaison de la couche exploitée. Souvent, quand le pendage est accentué, les blocs peuvent descendre par gravité dans des pentes aménagées directement dans le banc exploité ou parfois dans une couche parallèle. Ici, le pendage bien trop faible pour permettre la descente du minerai est compensé par une galerie à puits. Ainsi, dans chaque étage supérieur, un travers-banc donne accès à un puits dans lequel étaient jetés les blocs, qui se retrouvaient en bas dans la trémie. Ainsi, selon le pendage, un empilement régulier de travers-bancs de même longueur permettait un alignement parfait des trémies dans le travers-banc de roulage, alors destiné à la récupération du minerai, ici des ciments. Il faut remarquer aussi les deux fonctionnalités de cette trémie, relativement moderne: il y a une commande de l’ouverture avec divers crans, ainsi qu’une commande de l’orientation du bec verseur, pouvant donc s’adapter au chargement du wagonnet placé en dessous.
Ce tunnel sous la montagne établit une communication.
Ce tunnel sous la montagne fait de ciment, à partir de la pierre de la carrière souterraine, permet le passage des trains de wagonnets dans le roulage. Ce dernier permet la communication entre les différentes couches de pierre à ciment exploitées, au moins trois. Dans ce massif, les couches de pierre à ciment sont réparties de façon irrégulière. Le pendage est important, et le nombre conséquent des différentes couches exploitées donne à cette carrière une structure complexe. La consolidation de ce roulage permet d’éviter les encombrements par des gravats: on remarque en effet que la pierre calcaire exploitée dans ces chantiers n’est pas d’une grande solidité…
Au sommet d’un plan incliné entièrement ruiné, gît encore là un treuil. Il est protégé par une injection de béton qui recouvre toute la pierre, ainsi qu’une arche bétonné. La pierre à ciment se délite très rapidement, par cassures conchoïdales. Ce treuil est, au milieu d’un secteur complètement effondré, un coin relativement préservé. Du reste du plan incliné, il ne reste absolument rien. De la machine, on peut toujours voir le tambour, les transmissions, et bien sur le tableau de commande, qui consiste en un simple manipulateur actionnant un rhéostat de démarrage.
Ce train de gros wagonnets semble acheminer l’or des nains. En réalité, ces trains transportaient des blocs de calcaire sur leur voie de 70cm, jusqu’à la sortie de la carrière où la pierre était transformée en ciment. Le côté lumière dans les bennes traversant les galeries sombres évoque évidemment l’imaginaire de l’enfance et les histoires de Tolkien.