Les porions étaient les contremaîtres mineurs. Ils étaient issus du personnel du fond, et étaient donc souvent proches des ouvriers. Ici, dans ces anciens quartiers, se trouvaient justement les bureaux des porions. La galerie était, comme en attestent les traces au sol, équipée d’une voie ferrée. Les encadrements voûtés étaient occultés par une porte en bois, permettant l’accès aux locaux. En arrière de ces locaux se trouvait une coursive qui permettait au personnel d’effectuer le niveau des lampes à pétrole qui éclairaient les salles.
Ces consolidations n’inspirent que le respect envers les maçons de l’extrême.
Ici, dans un fief agricole, les paysans descendaient sous terre pour œuvrer et extraire la roche à travers un labeur dangereux. Les maçons, pendant leurs périodes creuses pouvaient eux aussi trouver leur manne dans les anciennes carrières de gypse, pierre à plâtre, dont l’industrie battait son plein au XIXe siècle. Ils allaient à leur tour dans les galeries souterraines pour les consolider, et bâtissaient les ouvrages les plus édifiants, dignes des architectes des plus grandes cathédrales. Certains d’entre eux ont pu subsister jusqu’à nos jours comme cette enfilade d’arches, remaniée en 1914 comme en témoignent les dates, avec au fond un pilier maçonné donnant naissance à d’autres arches de consolidation. Les maçons de l’extrême savaient également caler leurs arches sur les parois taillées en trapèzes, typiques de ces carrières de gypse.
Esseulé sous les ripplemarks, ce pilier consolide un carrefour. C’en est d’ailleurs l’unique consolidation. Appelé piliers à bras, ce genre de pilier, plutôt répandu dans les carrières anciennes, est construit en empilant des blocs irréguliers les uns sur les autres. Ceci permet d’obtenir une cale, moyen temporaire de maintenir le ciel. Au fond à gauche, la galerie fut entièrement remblayé. Le remblayage des vides est un moyen archaïque mais très efficace pour consolider les galeries! Ce moyen est toujours en vigueur de nos jours, à contrario de la galerie de droite en état très délabré. Cette carrière de gypse, en seconde masse, fut intensivement utilisée au XIXe siècle et jusqu’au début du XXe pour la fabrication du plâtre.
Consolidé par cette imposante arche, le ciel de carrière n’a qu’à bien se tenir! Cette ancienne carrière de calcaire, pierre à bâtir, fut rattrapée par la zone urbaine. Depuis que la ville s’est étendue, des consolidations sous forme d’arches, robustes, ont été édifiées dans les anciens vides d’exploitation. Cependant, les ouvriers ayant entrepris les consolidations avaient le sens de l’esthétisme: même dans une carrière souterraine, où il est peu probable de voir des passants se promener, ces ouvriers ne se sont pas contentés de simples murs. Alors que le passage latéral était tout à fait possible, un passage est ajouté dans le mur. Ces murs ajourés par des arches sont la spécificité de cette ancienne carrière.
Ces tunnels n’ont d’autre mission que de consolider la galerie tout en laissant un passage pour les convois chargés. Nous sommes dans le roulage d’une ancienne carrière de ciment prompt. Cette roche, le ciment naturel, est composée de calcaire et d’argile, faisant d’elle un matériau instable et très cassant. Pour éviter de déblayer en permanence les galeries de passage, les cimentiers ont donc construit d’imposantes confortations. Ici, une suite de plusieurs murs épouse parfaitement la forme de la galerie, un passage voûté permettait de laisser aisément passer les trains. Ces ouvrages sont entièrement bâtis en béton. On peut discerner les vestige de l’installation électrique du trolley.
Un mur ogive permet ici de consolider aisément une galerie de carrière souterraine de calcaire. En effet, les arc brisés permettent, à l’instar des cathédrales gothiques, de minimiser le nombre de moellons, et par la même l’épaisseur des murs. Il est étonnant que ce genre de consolidation n’ait été que rarement employé dans les carrières. Par ailleurs, le mur est construit en pierres sèches. Chaque moellon est posé par dessus les autres, le savant équilibre est rendu par le savoir-faire des maîtres-carriers. Dans ces anciennes carrières de calcaire, les ouvriers mettaient tout en oeuvre pour éviter les désordres, mêlant parfois nécessité et esthétique!
Les stries sur la paroi d’une carrière souterraine de craie.
Les stries visibles ici ont été pratiquées à même la roche le long de galeries voûtées d’une ancienne carrière souterraine de craie. Cette craie avait de nombreuses utilisations, elle est cependant de nature friable au vu de l’argile qu’elle contient. On est en effet à mi-chemin entre le calcaire et la marne. Afin de renforcer les galeries, les carriers augmentent la surface des piliers en pratiquant ces stries dans les piliers tournés. Du fait encore une fois de la nature de la roche, les galeries sont creusées sous forme de voûtes en ogives.
Ce pilier central fut édifié pour consolider une carrière de gypse souterraine, au niveau d’un carrefour de galeries. La carrière fut postérieurement remblayée, cependant, on peut encore en apercevoir des volumes résiduels importants. Cette carrière de gypse fut exploitée selon la méthode des piliers abandonnés: au fur et à mesure de l’extraction, on laisse des masses abandonnées, les piliers tournés. Ces piliers sont ici de forme carrée et sont taillés de façon très régulière. La fragilité du matériau impose de laisser des piliers évasés. La texture des parois laisse penser à une taille à la haveuse.
La Vieille Porte marque l’entrée d’une ancienne exploitation souterraine de pierre à ciment. Ici, c’est le calcaire berriasien qui était recherché pour ses propriétés argileuses (entre 23 et 24 pour cent d’argile), donnant un ciment prompt de très haute qualité. Il est intéressant de constater que la voûte est constituée de moellons calcaires, liés entre eux par du béton, donnant à l’ensemble une stabilité remarquable, encore et toujours aujourd’hui. Depuis l’abandon de cette carrière souterraine, ce portail métallique joliment ouvragé situé dans la galerie de roulage principale est resté fermé. Au sol, la voie ferrée encastrée dans le béton est toujours apparente.
L’ossature bétonnée de cette galerie a permis de considérablement la renforcer. Malgré ses allures de bunker souterrain, les entrailles de cette galeries ne sont finalement pas destinées à maintenir la galerie en l’état, mais plutôt à empêcher le bâti en surface d’être englouti! En effet, au dessus de cette ancienne carrière de gypse, des constructions ont été édifiées plusieurs années après la fin de l’exploitation. Chose assez rare, en toute connaissance de cause, l’urbanisation du secteur a laissé des habitations se construire au dessus des vides, grâce à une imposante consolidation de ces derniers. Par ailleurs, ces carrières de gypse, pierre à plâtre, sont assez fragiles dans l’ensemble, fragilité liée à la structure de la roche. C’est pourquoi ce genre d’ouvrage est assez rare et mérite d’être noté.