Sous ses airs d’ancienne gare, se cache une usine électrique.
Le bâtiment rappelle par sa silhouette une ancienne gare qui n’aurai pas vu depuis longtemps les voyageurs. En réalité, c’est une usine électrique qui délivrait de l’énergie pour le fonctionnement d’une ancienne mine. Les architectes de l’époque accordaient une importance dans l’élaboration des bâtiments industriels. Particulièrement sur les installations liées à l’énergie, à l’électricité, une énergie lumineuse, comme si elle devait capter la lumière du soleil pour l’emmener sous la terre…
L’allée courbe est un admirable témoignage de la précision des ouvriers.
L’allée courbe décrite par cette somptueuse galerie est d’une splendeur inégalée. Caché au fin fond d’un réseau de carrières de gypse séparé de ces voisines par plusieurs effondrements successifs, cet ensemble de galeries trapézoïdales caractéristiques des carrières de gypse de la région est consolidé ponctuellement d’arches à l’anglaise. Ces arches maçonnées, généralement de meulière, consolident le ciel de gypse qui de part la nature de la roche, ne supporte que de faibles portées. Cette galerie courbe, et taillée au cordeau, est un témoignage de la précision et de la finesse du travail des carriers sur ces galeries d’une dizaine de mètres de haut, au début du XIXe siècle quand le seul outil était le pic.
La fuite est suggérée par cette mystérieuse galerie illuminée dans une autre galerie, plus vaste mais aussi plus obscure. La réalité est complexe: cette carrière de gypse connut un important effondrement. Lors du percement d’une galerie d’accès aux chantiers plus directe dans les années 20 permettant la circulation d’un train, la conduite visible ici fut également installée. Le passage clé était le franchissement de cet ancien effondrement. Celui-ci fut surpassé en perçant à travers les piliers tournés. Cette conduite acheminait soit de l’air comprimé pour les machines de forage, soit de l’eau qui était pompée afin d’éviter l’ennoyage des chantiers.
Le monogramme LN, certainement le monogramme de la société qui exploitait l’usine.
Le monogramme visible ici, LN, est moulé dans la rambarde de fer forgé d’un balcon surplombant des machines. Ces statodynes et ces soufflantes font partie d’un complexe sidérurgique abandonné. Les statodynes permettaient de convertir les courants électriques alternatifs en continus. Ces courants continus permettaient alors d’alimenter entre autres les divers moteurs de l’installation, comme ceux des skips, qui versaient automatiquement le minerai dans les fourneaux. Les soufflantes, également alimentées en courant continu, injectaient l’air sous pression nécessaire à la combustion. Le balcon au dessus de ces machines supporte un panneau de contrôle, et arbore le logo de la société qui exploitait cette aciérie.
Les deux berlines visibles ici semblent être mises au rebut depuis un certain temps. Le roulage de cette vaste carrière souterraine de gypse, roche pouvant donner du plâtre par cuisson, permet d’éviter plusieurs quartiers anciens et a certainement été foncée dans le but d’atteindre directement les quartiers exploités dans les années 20 et 30 puis postérieurement. Les voies ont toutes été déposées, seules restent deux grosses berlines minières ici, témoignant de l’ampleur industrielle de l’exploitation. Elles furent certainement laissées ici en raison de leur faible revient à la ferraille lors de la faillite de l’entreprise exploitante. Ces berlines ont été livrées lors d’un grand programme de mécanisation de la carrière, dans les années 50. La galerie, recouverte de dépôts noirs, atteste du passage répété d’engins thermiques.
Plan incliné suivant le pendage de la couche calcaire.
Ce plan incliné, situé dans une carrière souterraine de calcaire, suit le pendage de la couche de l’oxfordien, recherchée pour la production de ciment. Le pendage, inclinaison générale des galeries de la carrière, est du aux contraintes tectoniques auxquelles fut soumise la couche de pierre durant les précédents millénaires. Afin de garder le même filon exploitée, cette carrière est ainsi, et au même titre que de nombreuses mines, exploitée en galeries organisées selon des étages. En face, un quai permettait le chargement aisé des wagonnets qui étaient probablement remontés vers le jour, et un escalier de service était à disposition des ouvriers. On remarque entre les galeries cintrées des piliers tournés, eux aussi inclinés.
Système de réfrigération d’une ancienne brasserie.
La réfrigération des stocks de bière produits par une ancienne brasserie était effectuée dans cette salle. On peut deviner la hauteur d’origine du ciel de carrière, qui avoisinait les dix mètres. Cette exploitation de calcaire servit d’abord à stocker les vins du roi Louis XIV, choisie pour sa relative proximité avec le château de Versailles, et pour son climat propice à la fermentation: les carrières souterraines possèdent une température et un taux d’humidité constants toute l’année. Plus tard, au XIXe siècle, ces hautes galeries se verront séparées en multiples cloisons de bois, pour entreposer la bière qui sortait des cuves de fermentation. La bière à l’époque était une question de mode, car il s’agissait d’une boisson très consommée au cours de l’ère industrielle. Avec le temps, et depuis la période d’abandon, il y a plus de 50 ans, les cloisons de bois ont été retirées pour la plupart ou ont pourri. On peut de nouveau admirer les hauteurs de la voûte, où courent toujours les conduits de réfrigération.
Une croisée de chantiers, dans une carrière souterraine de calcaire.
Une croisée de chantiers, dans une carrière souterraine de calcaire dont l’exploitation récente le fut de manière industrielle. On peut voir ici un carrefour de galeries taillées de façon rectiligne. Les poutres métalliques supportent le pont roulant de l’atelier, situé juste derrière. L’extraction récente s’est faite par moellons, comme on le voit sur les piliers: ces traces très rapprochées, pouvant faire penser à un carrelage… De part et d’autre, les galeries décrivent des pentes douces, permettant aux camions ou véhicules lourds de circuler dans cette croisée de chantiers, et accéder à des zones en cours d’exploitation situées en hauteur. À remarquer également, les nombreux boulonnages faits au ciel permettant de le renforcer.
On parle souvent de cathédrale pour désigner ce genre de carrière aux hautes voûtes, consolidées par des arches, rappelant les entrailles d’une cathédrale. C’est justement ce genre de consolidations qui a donné son nom à un secteur particulier d’une ancienne carrière de gypse. Cette inscription a été écrite par des carriers ou des champignonnistes, au cours des années 1930.
Les messages appelant à modérer sa consommation d’alcool ne datent pas d’hier. « L’Alcool est un poison », telle est la citation écrite au fond de chantiers du XIXe siècle d’une carrière de calcaire.