Ce galion surgissant est caché derrière un pilier tourné. Ce pilier a vu sa section élargie par un murage maçonné de moellons taillés de façon très régulière. Cette carrière de calcaire qui servait pour l’extraction d’une pierre de taille de grande qualité, s’est vu, au XXe siècle, reconvertir en vaste entreprise de culture des champignons. Depuis l’abandon de la carrière, les véhicules sont restés sur place, comme ce vieux Galion, qui par malchance, se trouvait là à cette époque…
Entre deux piliers fut logée cette étrange machine.
Entre deux piliers tournés d’une ancienne carrière souterraine de calcaire, on retrouve cette étrange machine. Elle est associée à l’époque des champignonnistes. Au vu de sa disposition sur un quai de chargement, il peut s’agir d’un convoyeur à bande, permettant de charger divers matériaux (craon, semences, etc…) dans des véhicules qui pouvaient circuler dans les galeries. Les anciennes carrières souterraines sont propices à la culture de champignons, car elles ont un taux d’humidité, une obscurité, et une température optimales. À cause de la mondialisation, ces cultures locales et artisanales périclitèrent peu à peu. Ici, ces anciens piliers tournés ont été renforcés par des maçonneries.
Le Camion Fantôme est un livre de littérature jeunesse. Longtemps, l’enfant fut fasciné par ce camion filant dans la nuit vers nulle part. C’est bien plus tard qu’il retrouva ce camion, aux détours des galeries d’une ancienne carrière de calcaire. Le Renault Galion est un véhicule des années 1960, significatif par sa face avant droite dans un sens, mais arrondie dans l’autre. Ici, le camion fut utilisé pour la livraison des champignons, cultivés dans les sacs à même le sol. D’ailleurs, des ornières ont été laissées pour permettre de laisser passer les roues. L’industrie des champignons a depuis longtemps périclité dans la région. À la fermeture de la champignonnière, certains véhicules restèrent entreposés sous terre, et sont alors toujours visibles aujourd’hui.
Carrefour de haveuses au fond d’une carrière de calcaire.
Le carrefour de haveuses de cette ancienne carrière souterraine de calcaire en constitue la partie la plus éloignée de l’entrée. C’est aussi par conséquent un des secteurs les plus modernes. En effet, véritable scie électrique ou à air comprimé conçue pour scier rapidement la pierre, la haveuse fut installée dans les carrières de calcaire autour des années 1950. L’outil va révolutionner l’extraction de la pierre, mais aussi de minerais, comme le charbon ou le fer. Ses traces en carrières de calcaire sont facilement remarquables. Ici, on voit bien que la haveuse était conçue pour tourner autour d’un axe horizontal, déplacé au fur et à mesure de l’avancée des travaux.
Etrange galerie dans une ancienne carrière souterraine de calcaire. Etrange dans la mesure où elle comporte un grand nombre d’arcs de cercle. Ces arcs ont été tracés par une fraise de chantier, outil souvent utilisé dans les mines. Les fraises sont aussi utilisées dans les carrières de gypse modernes pour les consolider dans l’attente de leur remblaiement. Ici, il ne s’agit pas de remblaiement mais bien d’un creusement d’une galerie plus récente, reliant deux différents quartiers dont l’ancienne liaison ne permettait pas le passage des véhicules contemporains. En effet, il n’est pas courant de voir de tels traçages dans les carrières de calcaire.
Ombres et crapauds dans une carrière de calcaire forment une composition intéressante, des jeux de cercles se dessinent sur cette cloison en parpaings édifiée par les champignonnistes ayant réinvesti les lieux peu après l’extraction du calcaire. Ces crapauds, ou treuils de carriers, sont de très anciens instruments (déjà abandonnés avant la fermeture de ces carrières) qui, amarrés aux piliers par une chaîne, pouvaient trainer au sol des blocs de plusieurs tonnes posés sur des rondins. Ils étaient souvent équipés de deux pignons: un réducteur pour démultiplier le couple et rapprocher les blocs, un autre plus rapide pour dérouler la chaîne à attacher aux blocs. Outre ces crapauds, on remarque bien sûr la présence d’un coupon de voie Decauville de 60cm.
La paroi de cette ancienne carrière souterraine d’exploitation de la pierre de taille calcaire dessine un pilier de curieuse apparence: en longueur, un début de galerie a été tracé en son centre, mais n’a jamais atteint le ciel. On aperçoit dans la partie haute du pilier des dessins de têtes. Il s’agit de dessins de carriers, qui à l’aide de la fumée produite par leurs lampes à carbure pouvaient reproduire les figures de leurs collègues, entourage personnel, ou parfois animaux. Lors de la conversion de la carrière en champignonnière, de la chaux a été répandue sur les parois afin d’assainir les espaces en air et humidité. Ainsi, il arrive fréquemment que les dessins disparaissent sous la couche de chaux. Ici, ils ont été conservés.