Les carrières de gypse de cette région sont souvent taillées selon des galeries ogivales, de grande hauteur du fait de la puissance du matériau. À partir des années 1960, les carriers ont entrepris des travaux exploitant uniquement les bancs durs du gypse, en pied de carrière. Auparavant levés à l’explosif, le groupe industriel va réaliser des essai du rendement de l’exploitation à la haveuse. En effet, celle-ci permet une découpe plus régulière de la roche, permettant sur une galerie d’extraire davantage de matériau. Cependant, ce mode de creusement impose de consolider le ciel, comme ici avec des poutres métalliques…Ou de détruire la galerie par foudroyage, comme cela a été fait postérieurement. Ainsi, dans des quartiers très reculés et pourtant encore loin du fond de la carrière, on trouve cette galerie résultant de l’essai d’une haveuse.
Ombres projetées d’une trémie dans le fond d’une ancienne carrière de pierre à ciment du Berriasien.
Ce chantier au bout d’une galerie de récupération des blocs semble
attendre patiemment qu’une berline arrive pour son chargement. La pelle
est posée, pleine de déblais, la trémie s’est remplie d’eau, la
déversant sur la voie sous forme d’une douche. La lumière pourrait
trahir la présence d’un ouvrier.
Carrefour de haveuses au fond d’une carrière de calcaire.
Le carrefour de haveuses de cette ancienne carrière souterraine de calcaire en constitue la partie la plus éloignée de l’entrée. C’est aussi par conséquent un des secteurs les plus modernes. En effet, véritable scie électrique ou à air comprimé conçue pour scier rapidement la pierre, la haveuse fut installée dans les carrières de calcaire autour des années 1950. L’outil va révolutionner l’extraction de la pierre, mais aussi de minerais, comme le charbon ou le fer. Ses traces en carrières de calcaire sont facilement remarquables. Ici, on voit bien que la haveuse était conçue pour tourner autour d’un axe horizontal, déplacé au fur et à mesure de l’avancée des travaux.
La trémie-déversoir est un élément clé des carrières de pierre à ciment alpine. Elle se rencontre en fait dans toutes les exploitations souterraines possédant un certain pendage, inclinaison de la couche exploitée. Souvent, quand le pendage est accentué, les blocs peuvent descendre par gravité dans des pentes aménagées directement dans le banc exploité ou parfois dans une couche parallèle. Ici, le pendage bien trop faible pour permettre la descente du minerai est compensé par une galerie à puits. Ainsi, dans chaque étage supérieur, un travers-banc donne accès à un puits dans lequel étaient jetés les blocs, qui se retrouvaient en bas dans la trémie. Ainsi, selon le pendage, un empilement régulier de travers-bancs de même longueur permettait un alignement parfait des trémies dans le travers-banc de roulage, alors destiné à la récupération du minerai, ici des ciments. Il faut remarquer aussi les deux fonctionnalités de cette trémie, relativement moderne: il y a une commande de l’ouverture avec divers crans, ainsi qu’une commande de l’orientation du bec verseur, pouvant donc s’adapter au chargement du wagonnet placé en dessous.
La pince de carrier est posée contre cette paroi de carrière moderne. Etrangement, cette carrière souterraine de pierre calcaire est moderne, car taillée à la haveuse avec des parois très lisses, mais conserve tout de même des outils relativement anciens. En effet, cette pince de carrier qui servait autrefois pour lever un gros bloc et permettre son roulage ou de le hisser sur un chariot ou wagonnet est un outil qui fut supplanté dans les années 1950. La présence de cet outil massif et archaïque montre qu’il s’agit d’une carrière exploitée de manière artisanale et pour une utilisation très localisée de la pierre; bien qu’exclusivement utilisée au cours des années 1960.
Cet atelier de carrière est de taille impressionnante. On voit bien que cette exploitation a fonctionné de manière industrielle jusqu’à il y a peu. Le pont roulant pouvait charger des blocs, des fosses de visites sont présentes pour les véhicules. Cette aire de chargement moderne est à l’image de l’importance de cette exploitation calcaire.