Trop-pas beau, et à double sens. Ce moignon de galerie subsistant est coincé entre deux effondrements massifs des calcaires à ciments. Ces effondrements sont antérieurs au démantèlement de la carrière: en effet, il subsiste un trolley, câble d’alimentation électrique des locomotives. Les machines tiraient des convois de plusieurs wagons sur cette voie étroite. La galerie, qui constituait un roulage, prend une forme d’arc rampant. Cela est dû au miroir de faille présent à droite, mais aussi sans doute à la déformation de la galerie. C’est la pression de la montagne qui a provoqué ce genre de déformation.
Voici des hagues de bois. Les hagues, répandues dans les carrières de calcaire, sont des empilements de pierres prenant la forme de murs, destinés à maintenir une galerie en bouchant des travaux épuisés. Ces hagues étaient faites en stériles, des blocs qui ne pouvaient donner de matériau. Ici, des madriers de bois ont été fichés dans les stériles à la manière des colombages médiévaux. Il en résulte une galerie plutôt saine, avec une esthétique particulière. Ces madriers de bois semblent avoir deux missions: ils maintiennent à la fois les remblais et pierres situés derrière la hague, et également les pierres disposées dans la partie supérieure de la hague.
Ce tunnel fut aménagé dans une carrière souterraine de pierre à ciment du berriasien. Il s’agit d’un travers-banc permettant de rejoindre depuis la surface les tréfonds de la montagne, où se situent les bancs inclinés de cette roche calcaire. Le roulage effectue une courbe permettant de rejoindre l’axe des travaux. Malheureusement, ces travaux sont aujourd’hui en mauvais état: la roche du berriasien est d’une consistance extrêmement cassante. Ainsi, cette galerie consolidée parvient aujourd’hui sur une grande salle en état de chaos évolutif.
Trémies à bout de souffle au fond d’une galerie de roulage.
Ces vieilles trémies à bout de souffle servaient autrefois à verser les blocs extraits dans les chariots et wagonnets destinés à regagner le jour. Dans ces chantiers très anciens où la pierre à ciment était exploitée, la pression de la montagne, et même des roches effondrées dans les chantiers a été si importante que les murages se sont disloqués. Ainsi, au fond de cette galerie de roulage, le passage se referme progressivement…
Cette galerie paraît luxueuse, car la texture de sa roche, mêlée aux coulées de calcite qui se forment au ciel lui donnent un aspect marbré. Comme dans toutes les carrières souterraines de pierre à ciment situées en montagne, dans la couche du calcaire berriasien, les strates suivent un certain pendage. Ici, ce pendage atteint une pente aux alentours de cinquante degrés. Ainsi, la carrière décrit un empilement d’étages comme celui-ci, taillés à travers la couche. C’est pourquoi chaque galerie est de forme trapézoïdale. Les murs sont taillés le long de miroirs de failles, en limite de couche. La roche marnocalcaire, donne après cuisson, un ciment de grande qualité réputé dans la région.
La plaine fumante illustre un matin d’été dans l’Oisans, vu des hauteurs d’Allemont. Cette vallée humide d’origine lacustre fut d’abord investie par les Allobroges, un peuple d’agriculteurs, profitant des terres fertiles rendues par le retrait progressif du lac. C’est après la venue des romains que de nouvelles richesses inconnues jusqu’alors vont être exploitées. D’abord l’argent, puis l’or, le charbon, le cuivre, ou encore le plomb. Les mines de la région, exploitées jusque dans les années 1950, sont réputées pour les cristaux qu’elles ont pu fournir. Suite à leur exploitation archaïque et parfois anarchique, la majorité des accès à ces vieux réseaux ont disparu à cause de la formation de fontis. Aujourd’hui encore, lorsque le soleil vient leur donner sa lumière, les roches se mettent à arborer leur éclat de toujours.
Le Pont Naufragé, car émergeant de l’eau comme s’il s’agissait d’une épave ayant touché le fond, disparaît peu à peu sous les eaux. En fait, c’est évidemment le niveau d’eau qui remonte. Après une vidange rendue nécessaire en prévision de la fonte estivale des neiges en montagne, le lac de Serre-Ponçon fut asséché de manière exceptionnelle. Ainsi, le viaduc de Thubaneau, situé entre les communes de Chorges et Prunières, fut de nouveau visible durant quelques jours. Cet ouvrage d’art était situé sur la ligne ferroviaire de Veynes-Dévoluy à Briançon, laquelle fut déviée sur un tronçon d’une vingtaine de kilomètres dans les années 1950 en prévision de la construction du barrage.
La Salle du Pilier se trouve dans une vaste mine de fer. Répartie sur plusieurs étages, sur plusieurs centaines de mètres de dénivelé, cette mine de montagne est l’une des plus étendues de la région. Au cœur de cette salle, un solide et solitaire pilier tourné trône. Les parois sont de formes irrégulières, étant donné que l’exploitation remonte à une centaine d’année, époque où il était bien difficile de transporter des machines en altitude. Non loin du centre de la mine, cette salle est située au fond d’un haut dépilage incliné selon un pendage assez conséquent. Au bout de la salle, un bassin draine les eaux d’infiltration.
Tel un sphinx endormi, le vénérable Granier veille sur la vallée.
Le vénérable Granier est un sommet bien connu du massif préalpin de la Chartreuse, à cheval sur les départements de l’Isère et de la Savoie. Surplombant l’agglomération de Chambéry, il se dresse au dessus des vignobles du célèbre Apremont. Le monolithe de calcaire urgonien de 700 mètres de haut se dresse là, face au col éponyme, tel un sphinx endormi. Il n’usurperait pas le nom de sentinelle d’ailleurs, car la falaise qui donne une vue imprenable sur les environs se situe sur l’ancienne frontière entre la France et la Savoie, devenue française en 1860. Les couleurs d’automne et du soleil couchant viennent sublimer ces roches millénaires et leur robe végétale.