Plaque commémorant la consolidation des carrières sous les réservoirs.
Edifiés dès 1869 par l’ingénieur Eugène Belgrand, les réservoirs des eaux de la Vanne se trouvent sur une zone de carrières souterraines. Dans ces carrières, les hommes on défruité toute la surface de sous-sol pour sa roche calcaire, par la méthode des hagues et bourrages. C’est à partir de pierre de taille provenant de carrières situées en dehors de Paris que l’inspection des carrières fit édifier ces murages. En effet, l’exploitation du calcaire dans Paris intra-muros n’était alors plus autorisé depuis bien longtemps. Ce sont d’ailleurs ces exploitations anciennes, anarchiques, qui ont amené en 1777 le roi Louis XVI à créer l’Inspection des Carrières. C’est suite à de nombreux effondrements en pleine ville que fut créée cette institution. L’IDC avait alors pour but de retrouver, explorer, cartographier et consolider ou remblayer les vides abandonnés des anciennes carrières. Un titanesque travail de référencement. Les murages visibles ici délimitent aujourd’hui les galeries d’inspection des vides remblayés, accessibles depuis ce remarquable escalier en colimaçon.
Ces escaliers constituaient un des trois types d’accès aux carrières construits par l’inspection des carrières. Des puits de service, ou les puits de service à échelons ont aussi été aménagés en divers endroits. Pour les ouvrages majeurs, comme celui-ci, l’Inspection des Carrières apposait des plaques commémoratives rappelant les dates et les noms des ingénieurs ayant participé aux travaux.
Quand on descend sous terre, on remonte le temps. C’est aussi valable sous Paris, autant dans les couches géologiques que dans les consolidations! Les premières consolidations des carrières de l’inspection générale des carrières, l’IGC, datent de 1777. Guillaumot en fut le premier inspecteur. Il dirigea la construction de nombreux ouvrages avant la révolution française, dont celui-ci. L’un des témoins pré-révolutionnaires des anciennes carrières parisiennes présente donc ici l’inscription « n°4 G 1785 », ouvrage numéro 4 de Guillaumot réalisé en 1785. Sa forme est relativement atypique, avec ces moellons calcaires se terminant en voûtes en encorbellements. Au fond, on aperçoit un trou de visée: ceux-ci permettaient aux inspecteurs de vérifier que le travail avait été correctement exécuté en regardant l’épaisseur du mur, et la tenue de la roche calcaire.
Les Chartreux ont été à l’origine d’un mythe sous Paris.
Les Chartreux sont des moines dont l’ordre a été fondé par Saint-Bruno, en Chartreuse, dans les Alpes, en 1084. Quel rapport avec les carrières parisiennes? C’est Louis IX, dit Saint-Louis, qui désira rapprocher les ordres religieux de la capitale. En 1257, les chartreux s’installent au château de Vauvert, éloigné des habitations (« au diable Vauvert »), à l’emplacement de l’actuel jardin du Luxembourg, exactement rue Auguste Comte. Ils auraient utilisé les anciennes carrières souterraines de calcaire pour y stocker leurs fameuses liqueur et élixir qu’un certain Philibert Aspairt aurait recherchés durant la terreur, causant son irrémédiable perte.
Ainsi les mythes à ce propos sont nombreux! Bien après cela, à l’aube du XIXe siècle, le célèbre Louis Héricart-de-Thury est inspecteur des carrières. Il édifiera des ouvrages destinés à drainer les eaux souterraines, ainsi que des fontaines d’étiage, destinées à recueillir ces eaux et mesurer les hauteurs de nappes phréatique. Une surveillance piézométrique en quelque sorte! Ici, c’est une véritable source qui s’écoule dans un petit bassin, avant de rejoindre le puits à eau, tout proche, grâce à une cunette. Le tout est joliment ouvragé en moellons calcaires, avec un escalier permettant l’accès au bassin. L’eau, colorée en bleu-vert par les minéraux qui la composent, coule donc sans cesse sous Paris, dans la fontaine portant le nom de fontaine des Chartreux!
Ces ailes sont suggérées par les jeux d’ombres et lumières produits par les éclairages ambiants, de ce carrefour de galeries à encorbellements construites sous le mandat d’Héricart de Thury à la tête de l’inspection générale des carrières, sous Paris. Ces maçonneries ont été construites pour délimiter des galeries d’inspection, et par la même consolider les anciennes carrières souterraines de calcaire rencontrées à cet endroit. L’éclairage par le dessous souligne ces encorbellements, et la pierre, enfouie sous terre, à l’abri du soleil et de la pollution, garde à travers les temps sa propreté et sa clarté d’antan.
Abondamment conforté, cet escalier relie deux niveaux de carrières. À l’époque médiévale et jusqu’en des temps relativement récents, les carrières de calcaires, exploitées par puits, étaient composées de galeries basses. Les techniques de consolidation étaient en effet peu sophistiquées et il était nécessaire de conforter aux bras et donc à hauteur d’homme. L’exploitation était généralement menée par hagues et bourrages. Lorsque le banc calcaire le permettait, de part son épaisseur, deux niveaux voir plus de galeries étaient exploités. Il fallait donc un moyen de communication pour permettre aux ouvrier de communiquer entre ces niveaux. Bien sûr, ces moyens étaient bien plus spartiates que ce type d’escalier, il s’agissait de simples trous d’hommes ou de puits dans lesquels une échelle en bois était placée. Cet escalier fut bâti plus récemment, à l’époque de l’inspection générale des carrières. L’organisation était chargée alors de rechercher, cartographier, et consolider les nombreux vides d’exploitations sous Paris. Les inspecteurs demandaient aux tailleurs d’indiquer chaque ouvrage méticuleusement numéroté avec les initiales de l’inspecteur en fonction. Ainsi, 48.L.1855 signifie 48e pilier édifié par l’inspecteur Lorieux en 1855. D’autres indications peuvent figurer, comme dans l’escalier au fond, la mention « fontis » fait état de la présence d’une cloche d’effondrement à cet endroit. Souvent accompagnée de la précision « R↓ » ou « R↑ », l’indication signifie que le fontis fut remblayé de la surface (1er cas), ou depuis la galerie (2nd cas).
Regard filé, à travers une guérite dans une station de métro à l’abandon, un train file dans la nuit. Il peint avec son éclairage une ligne uniforme qui transporte les voyageurs. Ainsi, la station est brièvement illuminée le temps d’un passage. Celle-ci fut fermée au moment de la déclaration de la seconde guerre mondiale, comme tout le réseau, mais ne connut jamais plus un voyageur. On voit les carreaux de faïences où se reflète la lumière faiblarde de la station. La guérite servait pour le chef de station, agent qui autrefois surveillait l’échange voyageur et s’assurait du trafic sur la ligne.
Ce vestige nous met sur les traces de la grosse caisse. La « Grosse Caisse » est un surnom donné au train des finances reliant autrefois plusieurs stations et le siège de la Régie Autonome des Transports Parisiens, RATP, auparavant CMP, Chemin de fer Métropolitain de Paris. Ce train des finances s’arrêtait alors dans un raccord, où les caisses étaient transbordées sur un quai avant d’être embarquées sur un train à voie étroite circulant dans un petit tunnel reliant le raccordement au siège social. Un célèbre film avec Bourvil retrace le train éponyme, sur une histoire fictive bien sûr, même si l’arrêt du train des finances bien nommé Grosse Caisse eût lieu deux ans plus tard. Depuis, d’importants bouleversements eurent lieu, notamment la reconstruction du bâtiment du siège de la RATP et la construction de la ligne 14. Ainsi, le seul vestige de la voie des finances est ce bout de tunnel bétonné, aboutissant sur un poste d’épuisement au fond. Tamisée par une grille, la lumière du tunnel du raccordement éclaire toujours ces vestiges endormis.
Voûte et inscription dans une galerie de carrière souterraine de calcaire sous Paris. Situées à un carrefour de galeries dont celle partant à gauche est remblayée, on remarque que ces voûtes reposent sur un front de taille. Une plaque est apposée à ces belles voûtes, et mentionne la présence en surface d’un boulevard ayant changé de nom depuis le percement de cette galerie. Cette galerie de recherche, car creusée directement dans la roche, était destinée à aller trouver d’autres vides de carrières isolés. Ce qui fut le cas d’ailleurs, car quelques mètres après ce carrefour se trouve une série de voûtes en encorbellements. Ce travail fut réalisé par l’Inspection des Carrières en 1811, à cet époque était à sa tête Louis Héricart de Thury, reconnu pour ses remarquables ouvrages souterrains et dont la fameuse signature aux H-T entrelacés est également inscrite.
Ce poste de redressement permet l’alimentation électrique du métro parisien. Il s’agit là d’un redressement électrique, c’est à dire une transformation d’un courant alternatif en courant continu La nécessité de ce genre d’équipement est due au fait que le métro tourne sous un courant électrique continu, alors que le courant fourni par le réseau de distribution est alternatif, s’inversant 100 fois par seconde. Autrefois, et jusqu’aux années 1960 où sont apparues les diodes de redressement, de complexes machines rotatives appelées statodynes permettaient de générer ce courant continue grâce à des moteurs monophasés entrainant un alternateur. Ces machines nécessitaient donc une place conséquentes, d’où la construction de tels édifices, comme celui-ci, datant des années 1930.
La méduse est une concrétion assez connue des sous-sols parisiens.
La méduse est une concrétion assez connue des sous-sols parisiens, située au détour d’une galerie consolidée par l’Inspection Générale des Carrières. Ici, ces confortations consistent en de larges piliers maçonnés de section rectangulaire, dont le jalonnement forme une galerie de visite traversant d’anciens vides remblayés. La galerie parvient à un front de taille où l’eau suintant a fini par recouvrir de calcite un bloc de pierre, formant alors cette esthétique méduse. Autrefois, la galerie continuait loin derrière le point de vue, dans d’anciens quartiers exploités en hagues et bourrages au caractère particulièrement aqueux…