Sous ses airs d’ancienne gare, se cache une usine électrique.
Le bâtiment rappelle par sa silhouette une ancienne gare qui n’aurai pas vu depuis longtemps les voyageurs. En réalité, c’est une usine électrique qui délivrait de l’énergie pour le fonctionnement d’une ancienne mine. Les architectes de l’époque accordaient une importance dans l’élaboration des bâtiments industriels. Particulièrement sur les installations liées à l’énergie, à l’électricité, une énergie lumineuse, comme si elle devait capter la lumière du soleil pour l’emmener sous la terre…
Il fut un temps pour lequel il est légitime de se poser la question si l’esthétisme n’était pas recherché par les ingénieurs de l’aube du XXe siècle. C’est le cas de l’Allée des Compteurs. Comme une glorification de l’électricité, alors nouvellement produite et maîtrisée, ces tableaux en marbre donnent à l’industrie un caractère raffiné et artistique. C’est un matériau utilisé par la sculpture, intégré aux produits industriels de l’époque: béton et acier. Les pavés de verre de la voûte filtrent la lumière enveloppant cette avenue de la gloire industrielle.
Entre deux murs imposants en maçonnerie se trouvait autrefois une importante galerie de roulage. Comme on peut le voir par la taille du personnage au milieu, cette galerie est de gabarit très important. En effet, remaniée en partie lors de la seconde guerre mondiale, cette carrière fit partie d’un projet destiné à assembler des missiles sous terre, à l’abri des regards. Pour permettre aux engins d’effectuer leurs manœuvres, il était nécessaire de « rogner » des piliers au niveau des angles, tout en conservant un maintien efficace du ciel, si précieux en carrière souterraine! Cela est d’autant plus vrai que la carrière devait résister aux bombardements extérieurs. Ainsi on été édifiés ces solides renforts maçonnés où bétonnés, à des emplacements initialement sans piliers, pour consolider les carrefours de cette carrière exploitée de façon très orthogonale.
Grandes arches bétonnées dans une carrière de calcaire.
Grandes arches bétonnées, dans une ancienne carrière de calcaire. Ces grandes arches consolident la voûte. La galerie était en effet vouée à laisser circuler de gros véhicules: elle fut renforcée sous l’occupation allemande dans le cadre de l’aménagement d’une usine souterraine destinée à produire des missiles V2. De fait dissimulée sous terre, la carrière n’aurait pas laissé entrevoir les traces de cette activité qui, fort heureusement, ne pu voir le jour. Les parties achevées, aux dimensions impressionnantes, permettent tout de même de comprendre l’ampleur de ces travaux. À la clé de voûte, des emplacements étaient visiblement prévus, certainement pour l’installation de dispositifs d’éclairage. Après guerre, ces galeries continuèrent à être parcourues pour l’extraction de pierre de taille, et par les champignonnistes, jusque tardivement au XXe siècle.
Le monogramme LN, certainement le monogramme de la société qui exploitait l’usine.
Le monogramme visible ici, LN, est moulé dans la rambarde de fer forgé d’un balcon surplombant des machines. Ces statodynes et ces soufflantes font partie d’un complexe sidérurgique abandonné. Les statodynes permettaient de convertir les courants électriques alternatifs en continus. Ces courants continus permettaient alors d’alimenter entre autres les divers moteurs de l’installation, comme ceux des skips, qui versaient automatiquement le minerai dans les fourneaux. Les soufflantes, également alimentées en courant continu, injectaient l’air sous pression nécessaire à la combustion. Le balcon au dessus de ces machines supporte un panneau de contrôle, et arbore le logo de la société qui exploitait cette aciérie.
Reflets concrétionnés formés dans le tunnel en briques.
Reflets concrétionnés dans le roulage d’accès à une ancienne carrière souterraine de gypse. Ces concrétions, ou spéléothèmes, sont des dépôts de calcite charriés par les eaux souterraines qui s’infiltrent ici par les interstices laissés entre les briques de la voûte de la galerie. La lumière en contrejour de l’éclairage électrique produit des reflets du plus bel effet, mettant en valeur ces concrétions étranges teintées de jaune. Ce tunnel de briques est un vestige intéressant de l’exploitation du gypse dans cette région, qui permettait la fabrication du plâtre entre autres, mais aussi comme dans cette exploitation, la conception des briques.
Le vieux tableau Electrique de la recette d’une mine de charbon.
Le vieux tableau électrique est toujours en place. Cette ancienne recette de mine de charbon garde encore beaucoup de vestiges. Sur un carreau minier, la recette était l’endroit où le minerai remontait au jour, il s’agit des premiers bâtiments traversés lorsque les berlines remontaient au jour, au sommet du puits. Ici, nous sommes précisément dans la machinerie, la salle où trône le treuil permettant de faire monter ou descendre les ascenseurs, ainsi que toutes ses commandes. Ce tableau Electrique permettait la transformation de la haute tension monophasée en une tension continue permettant alors d’alimenter le moteur du treuil, et de nombreuses autres machines et installations.
Désordre ordonné sous les rais de lumière d’un lavoir à charbon.
Un désordre ordonné, des rais de lumière tombent sur un chaos métallique. Pourtant, ce chaos est constitué de pas moins de sept lignes de traitement identiques, destinées à laver, à trier, et charger le charbon. Chaque unité de cette ligne a une fonction bien précise: décantation, centrifugeuse, tamis, crible, norias, tuyauterie, se croisent et se décroisent. Cette usine, une des plus productives de France dans son domaine, était intégralement automatique et rappelle les univers imaginaires industriels.
Piliers tournés numérotés dans une carrière souterraine de calcaire. L’exploitation fut en grande partie reconvertie par l’Allemagne durant la seconde guerre mondiale, en usine de fabrication et d’assemblage des missiles V1. Les numéros sont contemporains à cette époque, comme la dalle coulée en béton au sol. À la libération, la totalité du matériel a été retirée, et la carrière a servi de champignonnière. Aujourd’hui, ce ne sont plus que de gigantesques espaces vides comme cette grande salle. Le dépôt noir au ciel est causé par les incendies de voitures, fréquents dans les années 1980 et 1990 quand un trafic y sévissait…
C’est un des derniers dinosaures symboliques de l’industrie lorraine. Une fois le soleil couché, il s’éveille, s’illumine, et arbore ces chaudes couleurs rappelant les années fastes de sa période d’activité. À l’arrêt depuis 1991, le haut-fourneau U4 est le dernier vestige d’un important complexe sidérurgique. Il est aujourd’hui visitable.