Tous les éléments ou presque, sont réunis pour une photo ferroviaire parfaite. Un cours d’eau dans la montagne, une forêt, un ouvrage d’art ancien, un monument en ruine. Il ne manquait plus que le passage de l’autorail. Cet EAD, élément automoteur diesel, passé de mode depuis bien des années, est affrété par une association. Il relie alors Valence à la région gapoise. On l’aperçoit durant quelques secondes alors qu’il commence seulement à attaquer sa longue ascension le long de la rivière Drôme.
La plaine fumante illustre un matin d’été dans l’Oisans, vu des hauteurs d’Allemont. Cette vallée humide d’origine lacustre fut d’abord investie par les Allobroges, un peuple d’agriculteurs, profitant des terres fertiles rendues par le retrait progressif du lac. C’est après la venue des romains que de nouvelles richesses inconnues jusqu’alors vont être exploitées. D’abord l’argent, puis l’or, le charbon, le cuivre, ou encore le plomb. Les mines de la région, exploitées jusque dans les années 1950, sont réputées pour les cristaux qu’elles ont pu fournir. Suite à leur exploitation archaïque et parfois anarchique, la majorité des accès à ces vieux réseaux ont disparu à cause de la formation de fontis. Aujourd’hui encore, lorsque le soleil vient leur donner sa lumière, les roches se mettent à arborer leur éclat de toujours.
Le Pont Naufragé, car émergeant de l’eau comme s’il s’agissait d’une épave ayant touché le fond, disparaît peu à peu sous les eaux. En fait, c’est évidemment le niveau d’eau qui remonte. Après une vidange rendue nécessaire en prévision de la fonte estivale des neiges en montagne, le lac de Serre-Ponçon fut asséché de manière exceptionnelle. Ainsi, le viaduc de Thubaneau, situé entre les communes de Chorges et Prunières, fut de nouveau visible durant quelques jours. Cet ouvrage d’art était situé sur la ligne ferroviaire de Veynes-Dévoluy à Briançon, laquelle fut déviée sur un tronçon d’une vingtaine de kilomètres dans les années 1950 en prévision de la construction du barrage.